Editorial émis sur ce blog avec autorisation.
Marcel Bigeard,Hélie Denoix de Saint Marc:
deux figures emblématiques honorées par la France.
Alors que rien ne le laissait pressentir,ni prévoir,presque simultanément,fin 2011,le général Bigeard et le commandant Denoix de Saint Marc,grandes figures de notre
armée du XX° siècle,ont été hautement distingués par la République.
D'abord,le 18 novembre dernier,le gouvernement par la voix de Gérard Longuet,Ministre de la défense,a annoncé que les cendres du général Bigeard,décédé le 18 juin 2010,seraient déposées aux
Invalides.
Cette décision a soulevé une levée de boucliers de personnalités de gauche et des réactions hostiles d'antimilitaristes primaires acquis à la repentance constante de la France pour son passé
colonial prétendu sulfureux,indigne et qui cherchent ou utilisent toutes les occasions pour salir d'une part la mémoire de notre armée,ses méthodes qualifiées d'ignobles pendant la guerre
d'Algérie et d'autre part atteindre et discréditer par là-même le brillant officier parachutiste ,l'homme d'Etat,et l'écrivain qu'a été le général Bigeard.
Puis,le commandant Hélie Denoix de Saint Marc,89 ans,a été élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d'Honneur par un décret du Président de la République paru samedi 26 novembre 2011 au
journal officiel.Les insignes de la plus haute distinction française lui ont été remis lundi 28 novembre en fin de matinée par Nicolas Sarkozy,Président de la République,dans la cour d'honneur de
l'Hôtel national des Invalides.
Malgrè là encore l'indignation d'une frange d'irréductibles opposants,cet honneur insigne semble parfaitement justifié.
Résistant,survivant de la déportation,auteur de nombreux livres,le chef de bataillon de Saint Marc,on le sait commandait par intérim le 1°REP,à qui le général Maurice Challe avait fait
appel pour conduire le putsch d'avril 1961 en Algérie.
De la Résistance à la guerre d'Algérie,en passant par trois séjours en Indochine,le destin d'Hélie de Saint-Marc concentre les épreuves et les engagements de toute une génération.
Hélie de Saint-Marc a eu une vie passionnante,riche et exceptionnelle.Son parcourt extraordinaire en fait un personnage impressionnant d'histoire,un homme hors du commun qui a connu les
souffrances ,le sang,les larmes,la gloire,les géôles et,en outre,une vie mêlée aux grands moments de notre pays.
Quoi qu'en pensent ses détracteurs parcourt d'homme d'honneur est irréprochable,car il a toujours mis ses actes en accord avec ses idées.Pourtant l'époque a été particulièrement dure pour ceux
qui prenaient l'honneur pour guide.Toujours digne,simple,modeste,Hélie de Saint-Marc nous crie aussi qu'il faut toujours garder sa capacité à dire non à l'Histoire,aux événements pour rester
fidèle à sa conscience.
Rappelons-nous enfin sa déclaration émouvante,poignante et bouleversante lors de son procès devant le tribunal militaire le 5 juin 1961:
"Monsieur le Président,on peut demander beaucoup à un soldat,en particulier de mourir,c'est son métier.Mais on ne peut lui demander de tricher,de se dédire,de se
contredire,de mentir,de se renier,de se parjurer."
Quelle
grandeur!
Aussi,le geste du Président de la République ne me semble pas un acte politique.En tant que chef des armées,il a accordé cette dignité à un grand soldat dont la droiture,l'engagement et le sens
de l'honneur ont été exceptionnels.
De manière forte,ce geste a aussi marqué deux choses:d'abord,malgré son arrivée tardive,le pardon et la volonté de la France,dans un souçi louable de réconciliation,de tirer définitivement un
trait sur une période douloureuse de son histoire et ensuite à la veille des 50 ans de la fin de la guerre d'Algérie d'afficher la volonté d'apaisement attendue par de nombreux Français.
Cette dignité rejaillit et récompense aussi tous ceux qui ont été fidèles au commandant de Saint-Marc et ont mené tragiquement le même combat.
Elle s'inscrit dans la continuité de la République.En effet,le général De Gaulle l'a amnistié en 1968.Il fut rétabli dans ses droits civils et militaires par Valéry Giscard d'Estaing et élévé à
la dignité de Grand officier de la Légion d'Honneur le 29 mars 2003 par Jacques Chirac.
Voici à présent que des détracteurs de la période coloniale de la France,de son histoire,adeptes de la critique récurente des gloires de notre armée,souvent collaborateurs de nos
adversaires,après s'être indignés de l'hommage récemment rendu par la République au soldat éminent que fut le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc,lancent une pétition contre le dépôt aux
Invalides des cendres du général Bigeard.
Les admirateurs innombrables de "Bruno",et les vrais patriotes français ont contre-attaqué par une autre pétition,que de très nombreux membres et nos amis de l'UNP,ont signé sans hésitation avec
foi et détermination.
Le général voulait effectuer son dernier saut sur la cuvette de Dien Bien Phu.Cet honneur lui a été injustement refusé par le gouvernement Vietnamien.Peu importe!
Finalement,n'est-ce pas mieux ainsi?
Les Invalides,panthéon des plus grands Français ne valent-elles pas largement la cuvette de Dien Bien Phu,?Et puis,avouons-le,lui,qui en d'autres temps aurait été sans nul doute Maréchal
d'Empire,ne mérite-t-il pas grandement sa place aux Invalides?
Qui d'autre pourrait-y postuler?
NON,l'initiative du gouvernement n'est pas une insulte aux peuples qui acquirent,naguère,leur indépendance.
NON le nom de Bigeard ne sonne pas comme "synonyme des pratiques les plus detestables de l'armée française".
Successivement illustre soldat,homme politique atypique et écouté,écrivain décapant et audacieux,le général Bigeard restera un homme au parcours de légende fabuleux,unique et impressionnant,et
véritablement un héros des temps modernes.
Promis à une sage carrière d'employé de banque modèle,le général Bigeard sera devenu l'exemple type du Centurion,proche de ses soldats,attentionné à leurs conditions de vie,génial dans la
tactique et audacieux tant dans l'action que dans l'expression.
Après avoir quitté l'armée,sans l'avoir souhaité ni choisi,le général Bigeard s'est trouvé engagé dans une double carrière brillante et réussie:
homme politique d'abord et ensuite auteur.
Secrétaire d'Etat à la Défense en 1975,puis député UDF de la Meurthe-et-Moselle,il fut plus de douze ans un homme politique reconnu au Parlement et en Lorraine.
Après 1988,pendant Vingt-deux ans,le général Bigeard se retira à Toul pour écrire ses souvenirs et réflexions et s'exprimer dans les médias sur les sujets d'actualité qui le passionnaient.
Son franc-parler,son ton gouailleur propre à de nombreux militaires,avec des mots directs et frappants laissaient paraître son amour profond pour la Patrie et sa grande amertume en voyant la
grandeur de la France décliner et s'éclipser.
Ses passions:l'Amour et le Service de la France l'auront conduit aux plus hautes destinées.
Demain,ses cendres aux Invalides traduiront légitimement son extraordinaire parcours et témoigneront de la reconnaissance éternelle de la France.
En cette période de trêve,de fêtes,malgrè une ambiance générale morose et un contexte difficile et préoccupant de crise,j'adresse à vous tous et à vos familles mes
souhaits les plus chaleureux de joyeux Noël,fête magique de l'espoir,la fraternité et la paix.
Enfin,tous mes voeux les plus chaleureux de bonheur,santé et réussite pour 2012 accompagnent chacun d'entre vous,notamment tous ceux qui se trouvent accablés par la
maladie,la détresse,la solitude et le désarroi.
Qu'ils trouvent réconfort,chaleur et apaisement et gardent confiance en l'avenir.
Avec ma fidèle amitié parachutiste et toute mon affection.