Parcours d'un ancien du 13ème RDP en Algérie
Parcours d’un ancien du 13° RDP en Algérie
" En octobre 1958, j’ai obtenu la signature de ma mère,car je n’étais pas majeur, pour effectuer une période de 8 mois tous les dimanches matin pour suivre l’entraînement en prévision de faire ma préparation militaire parachutiste.
En avril 1959, j’ai donc effectué mon premier saut en parachute d’un JU 52, avion mythique des paras allemands de 1939-1945, il ne fallait pas être grand, car la porte de sortie était très petite. Sacrés paras allemands !
JU 52
Mon 2° saut a été effectué d’un C47 Dakota, déjà mieux et le 3° et 4° enfin du Nord Atlas.
C47 Dakota
Nord Atlas
J’étais donc breveté prémilitaire. C’est donc logiquement que j’ai eu mon ordre de mission d’incorporer une unité para, ce
fut le 1er Régiment de Hussards parachutistes à Tarbes.
Débuta alors un entraînement très dur, parcours du combattant, pompes, tractions, marches de 30 Kms sac bergam rempli de
cailloux, fusil Mas 36 sur le dos et casque lourd, le tout chronométré !!!!. Grâce à l’esprit d’équipe, ce fut une réussite et enfin arriva le jour où nous partîmes à Pau pour le brevet para
militaire.
Dès l’arrivée à la Betap, nous avons fait connaissance avec Brigitte (la tour de saut) qui par sa hauteur faisait déjà peur rien qu’en la regardant. Pour moi ayant déjà fait des sauts d’avion, il ne fallait pas se dégonfler à la tour. C’est donc avec beaucoup d’appréhension que j’ai sauté de cette tour infernale. Sacrée Brigitte !!!!
Enfin le jour des sauts arriva et tout naturellement les 6 sauts avec ventral et de nuit se passèrent sans problèmes et enfin la remise de cette « plaque à vélo » ce beau brevet, arrosé de champagne comme il se doit. Rentrée dans la foulée à Tarbes au 1er RHP où on me dit que je serai affecté au 13° Régiment de dragons parachutistes en Algérie, stationné en Grande Kabylie.
Puis aussitôt, embarquement sur le « Ville d’Oran » à Port Vendres pour Alger. En janvier 1960 le temps était mauvais dans le golfe du Lion et tout le monde avait le mal de mer !!!
Arrivée à Alger après une nuit de calvaire et sentant le vomi, direction la Grande Kabylie. Un gamin de 20 ans qui croyait découvrir le désert et les chameaux, découvrit la neige, la boue et le froid !!!
Affecté au 1er Escadron, j’ai très vite pris mes marques et j’ai demandé à faire le peloton d’élèves gradés. J’ai fait le CA1, CP1 Et Ca2 et passa vite Maréchal des Logis. Alors a commencé le travail du militaire sur le terrain.
Embuscades de nuit, fouilles des mechtas dans les villages, contrôles sur les routes opérations régimentaires et divisionnaire, le régiment faisant partie de la 10° DP
Pour la partie fouilles des villages, je peux vous raconter une méthode que le chef de notre section avait trouvée et qui finit par payer un jour. Alors que nous avions fouillé tout un village pour trouver des combattants FLN, et comme d’habitude, il n’y avait que des femmes, nous partions le soir à la tombée de la nuit et montions dans les GMC bien visiblement, mais au bout de 500m à 1km, nous sautions en marche et nous nous dissimulions dans la nature autour du village et ceci jusqu’à des heures pas possibles (2 à 3h du matin) et là nous avons fait des prisonniers qui étaient venus passer la nuit avec leurs femmes. Evidemment ce n’était pas possible de le répéter souvent, à cause du « téléphone arabe »
Pendant 2 ans, opérations héliportées, chef de voiture Ferret MK2 pour des ouvertures de route, embuscades se suivirent et souvent beaucoup de déplacements pour pas grand-chose
Entre début 1960 et fin 1961, nous avons parcourus l’Algérie de l’est à l’ouest.
Grande Kabylie, Batna, Tébessa, Souk Arras, Blida, Koléa, Ain-Taya,
Constantine
et Philippeville.
Partout des marches, des fouilles, contacts avec la population. En ce qui me concerne je suis tombé malade sérieusement (dysenterie) et j’ai été muté à l’ECS comme adjoint à l’Officier qui dirigeait le magasin d’habillement, j’étais plus tranquille et après avoir passé à l’hôpital pour soins, j’ai pu finir mon temps, plus serein, mais néanmoins toujours dangereux.
Arriva le putsch et le 13° RDP fut mis en alerte, car des bruits circulaient que nous allions sauter sur Paris, mais 3 jours plus tard les généraux furent arrêtés et moi j’étais à 6 mois de repartir en métropole, c’est là que j’ai eu un dilemme, signer un ré engagement pour 3 ans ou quitter l’armée. Le Général De Gaulle par sa position, et qui en voulut à beaucoup de régiments paras à cause de leur engagement lors du putsch, fit que j’avais peur de quitter les paras et je décidais donc de quitter définitivement. Avant de partir, j’ai été contacté par l’OAS, mais ma tête n’était déjà plus en Algérie
C’est donc tout naturellement, que grâce à mon Chef de Corps à qui j’avais dit que je préférais rentrer à la nage, plutôt que de prendre le bateau, qui s’arrangea et j’ai donc eu la chance avec 5 autres S/Off et Officiers de partir en avion Bréguet Atlantic pour rejoindre Marseille Marignane où nous avons été contrôlés par des douaniers et des CRS comme de simples touristes, Etonnant pour des militaires !!!
Voilà le parcours d’un jeune qui avait 20 ans au départ et presque 23 à l’arrivée et qui ne peut pas encore aujourd’hui raconter tout ce qu’il a vu et subi. "
JEAN-CLAUDE HORRENBERGER
Retrouvailles des anciens du "13" souvent suivi d'un repas de cohésion convivial !
Adhérent de l' UNP section de Strasbourg depuis avril 2002 ,
il a obtenu l'aigle d'argent cette année
et la médaille du mérite UNP bronze lui a été remise
par le Général PIQUEMAL !