Une fois de plus,Jean Munot nous aide à faire vivre ce blog.Après son premier texte sur son passage en Algérie,sa rencontre avec les paras du 3°RPC et le colonel Bigeard la nuit de noël de l'année 1955,il nous écrit une anecdote qui se situe après le retour du 13°RDP d'Afrique du Nord.
lien vers le 1er texte: (22)Jean Munot-« Nuit
de Noël du 24 décembre 1955 en Algérie » avec rencontre du Colonel Bigeard et des Paras du 3°RPC.
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En 1963,le 13°RDP,en garnison a Castres est dissous en tant que Rgt de Cavalerie Aéroporté pour etre recrée en "Rgt Interarmes de recherche du renseignement dans la
profondeur",avec comme garnisons Nancy-Dieuze et Langenargen qui se trouve aux sein des FFA sur les bords du lac de Constance,le Bodensee et en Juillet -Août,nous "débarquons venant d'horizons
différents et d'armes différentes pour constituer le nouveau Rgt,nous gardons l'appellation de 13 Rgt de Dragons Parachutistes,l'étendard et les traditions de l'ABC,ce qui n'est pas une mince
affaire car pour prendre mon exemple alors que j'appartiens a l'infanterie Métropolitaine et que je suis Adjudant chaque Dragon qui me parle ne me dit pas "mon Adjudant" mais "Mon
Lieutenant",suivant une tradition qui remonte au 1er Empire,mais petit a petit nous nous mettons au "diapason",changeons la couleur de nos galons et prenons la mesure de nos fonctions,le tout
dans une fraternité interarmes du meilleur aloi.Ma fonction au Rgt est celle d'artificier-comptable munitions et de ce fait je "travaille" a l'ECS.Mes soutes a munitions seront dans un premier
temps installées a la caserne Drouot,puis a la caserne Blandan ces deux casernes étant a Nancy,en attendant qu'une soute soit construite a Dieuze et des qu'elle sera agencée-septembre 63-je
prendrais mes pénates a Dieuze,allant chercher les munitions et les explosifs (que nous faisions péter a tout va) au Fort de Domgermain a Toul puis par la suite a Mars la Tour,ce qui n'était pas
la porte a coté,mais a "coeur vaillant rien d'impossible" et puis de toutes les façons c'etait mon "job" et il fallait assumer avec toute la rigueur nécessaire de façon a ce que les entraînements
aux tirs et les maniements d'explosifs,qui étaient pratiquement journaliers -diurnes et nocturnes- soient assurés.
En 1964,le Rgt avait "pris ses marques",les équipes de recherche étaient déjà au top,et les manoeuvres interalliées se succédaient les unes aux autres,avec les
Allemands les Américains les Britanniques qui reconnaissaient que le 13 "c'etait pas du pipeau",mais une unité de première valeur,qui de temps en temps leurs donnaient "du fil a retordre".
Et les unites avec qui le 13° "travaillait",savaient que le Rgt n'était pas un Rgt de parade mais une unité d'élite dont les actions étaient reconnues.Dans le
courant du mois de juillet 1964,une manoeuvre interalliée etait programmée et le 13° etait l'unité chargée de la "monter".Elle consistait a "larguer" des équipes sur divers endroits,tenus
secrets,de la Moselle et le but,pour cette manoeuvre,etait que les équipes rejoignent un lieu situé a proximité de Dieuze,le plus rapidos possible,sans se faire repérer et pour ce faire calculer
les itinéraires les moins repérables ,jouer les "sioux" et si cela etait faisable utiliser divers moyens de transport qui auraient bien voulu les prendre a bord.Evidemment si il n'y avait pas eu
d'arbitrage cela aurait été une partie de rigolade,surtout pour des unités entraînées,mais voila,un réseau de "chouffeurs" avait été disséminé a divers endroits avec mission de les repérer afin
de rendre compte du déroulement des opérations.J'avais,avec d'autres cadres Officiers et S/officier,été désigné pour jouer le rôle d'arbitre,dans un secteur donné et je m'étais préparé a
accomplir la mission qui m'était impartie.Le Rgt avait trois escadrons de recherche qui manoeuvraient,le 1° le 3° et le 11°-escadron d'instruction,mais qui avait en son sein des équipes de
recherche- et le 2° de Langenargen (FFA) -la il faut que j'ouvre une parenthèse en ce qui concerne cet escadron-En effet,lors de la mise sur pied du Rgt,le 2°Esc avait eu des
personnels,volontaires pour intégrer le Rgt,mais qui etaient pratiquement sur place car ils appartenaient a la 7° Cie Commando du 129° Rgt d'infanterie basé a Coblence,sur les bords du lac de
constance,non loin de Langenargen et la particularité de cette Cie Cdo etait qu'ils etaient breveté Paras Allemand,brevet passé a l'Ecole des TAP allemande située en Bavière et ou nous irons au
fil des années nous aussi passer ce brevet,et resultat des courses ils durent aller a Pau recuperer la "Plaque a Vélo",ce qui etait en fait qu'une remise a niveau-,donc les consignes prises je me
préparais a assurer ma mission afin de fixer les règles de l'arbitrage,une réunion avait eu lieu et il avait été défini,pour chaque arbitre,une zone qui lui etait impartie et les conditions "de
travail",ces conditions stipulaient que nous devrions travailler en "pékin" ( en civil ) et avec notre propre véhicule de façon a ne pas etre répérés,les équipes qui manoeuvraient ne savaient pas
qu'un arbitrage avait été mis en place mais savaient qu'ils seraient jugés sur la manière de se déplacer sans se "faire remarquer",il nous avait été indiqué les heures ou nous devions opérer,cela
s'échelonnait entre 03h du matin jusqu'à,grosso-modo,09/10h du matin de façon a ce que les équipes puissent avoir ,après largage, parcourues un certain nombre de Km.Il faut se dire qu'en 1964 les
équipes de recherche etaient au premier stade de ce qui par la suite deviendra une spécialité a part entière effet a cette époque,primo les voilures n'étaient pas des voilures permettant comme
cela ce passe de nos jours,de sauter a des + 4000M et faire,de nuit,en vol relatif,plus de 35Km et se poser pile a l'endroit prévu dans le silence le plus absolu .Secondo, en 1964, les sauts
etaient des sauts a ouverture automatique,et non pas en ouverture commandée,donc pour cette manoeuvre les zones de sauts de nuit,sauf exceptions,etaient pratiquement les mêmes que celles sur
lesquelles nous sautions et celle ou ,le Rgt sautait le plus etait celle de Delme.A la réunion il nous avait été indiqué que les brigades de gendarmerie se trouvant dans le secteur opérationnel
etaient elles aussi "sur pied de guerre" et que nous pouvions,le cas échéant,donner des rens en téléphonant des brigades au PC opérationnel de Rgt.La zone qui m'était impartie se trouvais placée
entre Moyenvic-Vic sur Seiile-la N74 sur Salonnes-Chateau Salins-plus au nord en longeant la foret d'amelecourt Brehain,puis retour sur la D21 Fresne en Saulnois,Driocourt,Donjeux (près de
Delme)et retour via Chateau Salins,de quoi tourner et regarder et noter afin, la manoeuvre terminée, de rendre compte au "debriefing" qui aurait lieu pour en tirer les enseignements nécessaires
et améliorer tout ce qui pouvait l'étre.Tout cela "engrangé" j'allais recuperer une paire de jumelles,entrais a la maison pour me mettre en civil,préparer ma voiture,une PL 17 "Relmax Tigre" qui
mine de rien "montait a 150KMH,préparait des munitions roboratives (thermos de café,sandwichs-jambon beurre sauciflard et fruits)et vers 02H00 du mat prenais la direction de ma zone de
surveillance .
Arrivé sur ma zone de surveillance,je commençais a "chouffer" pour essayer d'apercevoir, autant que faire se peut,si une ou des équipes etaient dans les parage,j'en
avais vu une,je pense que c'était des Allemands, aux alentours du bois de Damelecourt et une autre qui crapahutait après Chateau-Salins,mais de nuit et surtout qu'en ce temps la la circulation
etait "réduite" a sa plus simple expression et que les gars qui entendait un bruit de moteur etaient plus enclins a se "planquer" que d'aller faire les zouaves devant les phares d'une bagnole,ce
qui etait de bonne guerre,surtout quand l'on appartiens a des unîtes spécialisées dans la recherche du renseignement il faut pour réussir a mener sa mission a bien etre le "plus discret possible"
et jouer "l'homme invisible",je continuais donc a rouler sur les itinéraires,m'arrêtant,zieutant,et de fil en aiguilles,vers 05h30 j'arrivais au carrefour de la route venant de Metz,Delme vers
Chateau-Salins,la D955 et la D21 car j'arrivais de la direction de Fresnes en Saulnois ou j'avais longuement grenouillé aux bords de la foret de Gremecey et arrive au carrefour j'arrêtais ma
voiture pour me "caler l'estomac",tout en "épiant",et me tapais un gorgeon de caoua et mastiquais un de mes sandwich,bien calé,mes jumelles prêtes a déceler tout ce qui aurais pu etre une équipe
vadrouillant dans le coin. Au alentours de 06h30 je voyais,venant de Delme,arriver une "juvaquatre" de la Gendarmerie qui s'arrêtait au carrefour ou je stationnais et les trois Gendarmes qui
occupaient le véhicule regardais ma PL 17 avec "suspicion" -ce qui n'est en rien le prénom d'une jolie Hispanique-,je descendait de ma "chignole" et allais me présenter et comme ils etaient "dans
le coup" nous avons commencé a discuter sur ce que nous avions remarqué et patati et patata et,il devait etre 07h15 ou 07h30 arrivait venant de la direction de Delme un fourgon Citroen,le meme
que celui de "Louis la brocante".
Les gendarmes voyant arriver le fourgon genre "Louis la brocante" décident de l'arrêter afin de vérifier si a l'intérieur ne se trouvait pas une équipe
d'auto-stoppeurs profitant de l'occase-la je voudrais rappeler que ma mission etait de "scruter le paysage" afin de déceler les équipes qui crapahutais sans prendre des précautions de sûreté,de
camouflage et iraient bon train sans se soucier qu'on puisse les déceler,mais il faut aussi se souvenir que les équipes avaient aussi le droit de remplir leur mission par tous les moyens de
locomotion,automobiles,camions,train etc etc,pour ce qui en etait du transport ferroviaire de ce coté la je n'avais pas de soucis a me faire car il n'y avait pas,il n'y en n'a toujours pas,de
chemin de fer reliant Metz a Dieuze,donc j'étais rassuré car j'etais sur que les équipes ne joueraient pas les Sgt/Chef Chaudard et les transmetteurs Pithivier et Tassin qui avaient "piqués une
loco au cours de l'un des épisodes du film la 7°Cie" ,pas plus qu'ils emprunteraient une bécane déguisés en vert comme le "gus" de la "pub cetelem",la on est dans "l'irréel,mais nous allons
retourner dans le réel.
Pour ce qui en etait du matériel roulant je n'avais aucune prérogative pour les arrêter et vérifier la cargaison,alors que pour ce qui concerne les militaires de la
Gendarmerie ca entre dans le cadre de leurs fonctions-donc ils font signe au conducteur de se garer,celui-ci fait semblant d'obtempérer et arrive a notre hauteur au lieu de stopper il donne un
coup de volant accélère a fond et file comme une flèche,enfin il essaye de filer a toute berzingue,et nous laisse,un court instant,quelque peu ahuris et fonce vers Chateau-Salins.Aussi sec les
Gendarmes montent dans la "juva",puis le chef d'équipe me dit,mon Adjudant si on lui cavale après avec votre voiture on va vite le coincer,je dis d'accord,il n'y a pas de problèmes et deux
Gendarmes montent avec moi,le troisième suivant avec la voiture de la Gendarmerie et nous démarrons en trombe, faisant crisser les pneus,a la poursuite du gus qui voulait se faire la
belle.
Nous foncions donc a la poursuite du fourgon,en gros du croisement de la D21 a l'endroit ou l'on attaquais la descente sur Chateau Salins il y avait,entre 900m et
1km et ce qui etait étonnant,vu la vitesse a laquelle nous roulions,c'est qu'il n'y avait pas plus de fourgon que de beurre en broche,ce qui etait plus que suspect,mais l'heure n'était pas au
suppositions mais a l'action et de ce fait nous roulions vers Chateau Salins et descendions la descente qui y menait,une descente toute en lacets serrés,alors que nos jours elle a été largement
améliorée,agrandie,virages largement plus larges(c'est une litote),alors qu'il fallait que je me cramponne au volant,heureusement qu'il n'y avait pratiquement pas de circulation,autrement bonsoir
les dégâts,nous etions au milieu de cette foutu descente quand le Maréchal des Logis-Chef,qui commandait,me dit ,mon Adjudant arretez-vous nous allons faire demi-tour,je lui dit bien,et en deux
temps trois(ou quatre)mouvements nous voila repartis en sens inverse direction Delme,nous etions arrives en haut de la cote et le Gendarme me dit,prenez le petit chemin qui est sur votre droite
et nous allons voir car a l'allure ou nous roulions nous aurions du rattraper cette foutu camionnette,donc je m'engageais dans ce qui etait un sentier et au bout de 3 ou 400m que voyons nous
????,devinez quoi???, ,le fourgon de "Louis la brocante".Arrive a proximité les Gendarmes descendent,se dirigent vers le bahut,chacun d'un coté et,surprise,personne dans la camionnette,je descend
de ma "chignole",arrive a leur hauteur et force est de constater (et non pas l'inverse qui est une contrepetterie)ouallou,il n'y a que dalle,nous nous grattons l'occiput,chacun de son coté,et
tout a coup,l'un des Gendarmes dit "regardez en bas-(si nous avions regardé en haut,nous aurions vu la cime des arbres et peut-etre le mec déguise en gorille,mais G.Brassens n'etait pas la)et que
voyons nous,la je vous le donne en mille ???.le gus qui se carapatait a travers les lacets de la route vers,a priori,la bourgade de Chateau Salins.
Effectivement le conducteur du fourgon descendait,coupant la route,vers le bas pour,sans doute, essayer de se planquer dans la foret proche,sauf qu'il n'avait
certainement pas vu les Gendarmes de Chateau Salins qui rappliquaient avec leur véhicule car le Gendarme qui etait resté dans la "juva" avait donné l'alerte et resultat des courses avaient
proprement "guaulé" le gus.Vu que les heures défilaient a vitesse grand V,je prenais congé des Gendarmes et continuais la mission qui m'avait été impartie,mais j'avais beau tourner et retourner
j'avais pleinement conscience que c'etait peine perdu car ils ne m'avaient pas attendus ce qui etait normal.Donc en fin de mission je regagnais Dieuze,et passant devant la Gendarmerie de Chateau
Salins je m'arrêtais et demandais aux Gendarmes ce qui c'etait passé et j'appris que le gars qu'ils avaient appréhendé,avait,de bonne heure ,"piqué" le bahut a Metz pour se rendre a
Strasbourg,manque de pot,pour lui,il etait tombé sur les représentants de l'ordre faisant partie de l'exercice et s'était fait "niquer le burnous".En arrivant et avant le "debriefing" je rendais
compte,comme il se doit, que cela ne m'avait pas empeché de remplir ma mission et donnais les renseignements sur les equipes que j'avais repérées (deux ),puis le debriefing eu lieu et l'exercice
termine rentrais at the home.Quelque jours après le commandant d'escadrons me transmettait les félicitations du Chef de Corps pour avoir aidé les gendarmes a arrêter un voleur de voiture,ce qui a
l'epoque n'etait pas chose courante,alors que de nos jours ca deviens pratiquement une habitude. Voila narré cette histoire au 13°RDP.
Jean Munot-jeannot pour les amis.